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Chapelle Charles de Foucauld

Boulogne-Billancourt

Dans la grande église de l’Immaculée conception, la Chapelle du Saint Sacrement a été close par une paroi de verre et mise sous le patronage du bienheureux Charles de Foucauld. J’ai eu la joie d’en réaliser l’aménagement et le mobilier. 

Discours d’inauguration

Église de l’Immaculée Conception – Boulogne-Billancourt 
10 décembre 2016

Quand le père Marc Ketterer m’a demandé de créer un lieu de prière, voué à l’adoration perpétuelle, et sous le vocable du bienheureux Charles de Foucauld, je ne pouvais pas lui dire non. Et ce pour trois raisons.

– Parce que le désert humain de nos villes, pourtant bondées, a besoin d’être ré-enchanté par le désert qu’a connu le frère Charles. Un désert plein. Plein de beauté, plein de Dieu.
– Parce que je sais que l’adoration perpétuelle est un trésor sans pareil. Dieu, présent, parmi nous, disponible à tout instant, pour un cœur à cœur où, dans le silence, nos complexités tombent, nos manquements s’éclairent et l’amour peut à nouveau se frayer un chemin.
– Parce qu’enfin je dois au frère Charles de Foucauld de m’avoir montré le chemin du ciel. Sa biographie écrite par Alain Vircondelet, (ainsi qu’une vie bouleversée d’Etty Hillesum) m’ont fait trouver la foi. Il me restait plus qu’à relire l’évangile de Jean pour, comme Etty, tomber à genoux devant le seigneur.

J’ai deux souvenirs très intenses de Charles dans les années qui ont suivi le début de ma foi. Etudiante, j’allais à la bibliothèque saint Geneviève, je sortais d’une messe à st Etienne du mont, je pensais à lui et soudain j’ai vu le grand vêtement blanc, la large ceinture de cuir et surtout le grand cœur rouge surplombé de la croix apparaître devant moi. Non, bien sûr, ce n’était pas lui, mais un frère de sa famille spirituelle qui passait par là. Je crois être restée médusée plusieurs minute de ce hasard incroyable. J’en aurais presque cherché les grains de sable sur le sol de la bibliothèque ! Le symbole du cœur s’est ancré en moi à ce moment là. Je l’ai porté autour du cou de longues années. C’est pour cela que vous le retrouverez dans l’oratoire à maints endroits : gravé sur l’autel, creusé dans le bois des fauteuils, sculpté sur le tabernacle et l’ostensoir. C’est le cœur sacré du Christ, c’est le rappel que Dieu est immensément amour, que c’est non pas la beauté qui sauvera le monde mais l’amour… J’espère que tout ceux qui passeront par ce lieu sauront voir, revoir, et démultiplier l’amour dans leur vie.

L’autre souvenir c’est un pèlerinage sur les traces de Charles, à Tamanrasset, dans le Hoggar, à l’ermitage de l’Assekrem. Dans les sables rouges, entre les pierres sèches, j’ai compris pourquoi il était allé là. Parce que l’immensité était toute pleine de Dieu, de ce silence qui est un murmure, une brise légère que nos vies chargées ont du mal à entendre. Alors j’ai voulu ramener ici pour vous ces paysages brulés de soleil, et j’ai commencé par les mettre sur les murs, et puis dans chaque éléments du mobilier. A La Frégate, chapelle construite en terre glaise, Charles de Foucauld a sculpté un autel très simple, où ses doigts ont tracés les lignes ondulantes du désert. J’ai fait de même dans le bronze.

L’autel, l’ambon, le tabernacle sont couvert de ce jeu du vent et du sable. Pas par exotisme, mais pour retrouver le calme et le silence des immensités désertiques.

Devant chacune de ces lames dorées prend place un élément spirituel. La croix devant l’autel car à chaque communion c’est le christ qui s’offre. Sachez que l’autel contient également comme le veut la tradition, une relique du frère Charles.

Devant l’ambon c’est le buisson ardent. C’est dans ce buisson que Dieu s’est manifesté et nommé à Moïse, c’est en écoutant sa parole à chaque liturgie que nous pouvons le connaître.
Enfin sur le tabernacle, le cœur de jésus, le cœur de Dieu, le cœur de Charles. Le sanctuaire d’amour. Que le tabernacle soit fermé ou ouvert ce cœur sera toujours visible, mais dans l’ostensoir, la lunule qui porte l’hostie est embrassée à la fois par ce cœur et par un feu de rayons, ceux du soleil de Dieu qui ne se couche jamais.

Il faut savoir que cet ostensoir est unique. Qu’il n’en existe probablement aucun autre de ce type, le père Marc m’a demandé qu’il réunisse à la fois une pyxide et une monstrance, c’est a dire à la fois un ciboire sans pied et un ostensoir et donc la réserve des hosties et la grande hostie d’adoration. C’est donc Jésus tout entier, présent dans une église, qu’il vous sera donné de venir rencontrer et prier.

Car précisément, mon travail, les efforts des artisans d’art avec qui j’ai collaboré pour ce lieu, ne seraient rien sans le saint sacrement. Ce ne serait que des coquilles vides. C’est parce que le Seigneur va y faire maintenant sa demeure que ce lieu sort de l’ordinaire des jours. C’est aussi le moment où il ne m’appartient plus. Alors venez, laissez-vous conduire au désert, venez contempler le soleil divin et vous laisser transformer par lui, il n’y a pas d’ombres qu’il ne sache faire reculer pour déployer à la place sa lumière.